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Huong Schneider, 2003 | Nidau, BE

 

Ce travail de géographie humaine porte sur une action d’occupation physique ayant pris place de fin 2020 à début 2021, sur la Colline du Mormont (Vaud), revendiquée comme « zone à défendre » : zad. Le but était de s’opposer à l’extension d’une carrière de calcaire du cimentier Holcim. Cette étude cherche à savoir ce que l’expérience de la zad a apporté à celles et ceux qui l’ont vécue.

Problématique

Le Mormont, situé entre les villages vaudois d’Éclépens et de la Sarraz, fait l’objet d’une polarisation de l’opinion. D’un côté l’exploitation locale d’une ressource, le calcaire, et de l’autre la préservation d’un site unique, autant pour sa biodiversité que pour son histoire. La Colline est comme un microcosme de notre société ; les enjeux écologiques, économiques, politiques et sociaux se cristallisent autour de ce lieu. Ces éléments m’ont amenée à poser la question de recherche suivante : Comment les actions d’occupation permettent-elles de penser autrement la société ?

Méthodologie

Dans un premier temps, il était nécessaire de comprendre les critiques qui sont adressées au cimentier Holcim ; pour cela une étude du modèle de société que symbolise ce dernier a été faite. Ensuite, le modèle alternatif de société incarné par les zadistes, opposé à celui représenté par Holcim, a été élaboré. Les connaissances nécessaires au travail ont été acquises à l’aide de sources primaires et secondaires. Par la suite, un entretien en focus group a été réalisé avec 5 personnes ayant pris part à la zad. Cette méthode d’entretien qualitatif permet de saisir les réponses en interaction les unes avec les autres. Les propos tenus par les intervenant·e·x·s sont subjectifs et dépendent de leur propre expérience de la zad. De plus, j’ai moi-même participé à l’expérience de la zad et suis engagée dans divers mouvements sociaux. Je défends l’idée que la recherche est au service de la collectivité. J’ai ainsi préféré expliciter la subjectivité plutôt que la dissimuler.

Résultats

L’analyse du focus group a permis de corroborer les hypothèses formulées au début de la recherche. Premièrement, la vie en marge de l’État permet d’expérimenter des modes de vies non conventionnels. Il apparaît que l’occupation a permis aux zadistes d’avoir un autre rapport à la nature, celui d’en faire partie. Ensuite, l’occupation de la Colline ne constituait pas seulement une opposition à l’extraction du calcaire par Holcim. J’ai pu en étayer que la zad offrait une structure pour fonder une double critique : contre Holcim, qui symbolise un système néolibéral, mais aussi contre l’État qui joue un rôle indirect dans l’exploitation de la carrière. Enfin, la zad continue à vivre au-delà de la Colline, au-delà de son évacuation. Il ressort que l’occupation ne constitue pas en soi une finalité, mais qu’elle s’inscrit dans un ensemble d’actions proposant des modèles de vies alternatives.

Discussion

Cette recherche a permis de relever un dénominateur commun de la vie à la zad. C’est le principe de la politique de préfiguration, qui prône qu’un mouvement se doit de choisir des moyens qui incarnent au mieux la société qu’il ambitionne. J’ai également constaté que la vie à la zad rejoint la dimension « tout est politique », cette Colline ne représentait en effet pas seulement un lieu de vie, mais également un mode de vie. Cette vision, qui rassemble la vie et la politique, rejette celle de faire de la politique, où la vie privée et l’action politique seraient séparées.

Conclusions

Le but de ce recherche était de comprendre de manière générale ce que l’expérience de la zad a apporté à celles et ceux qui l’ont vécue et à la société. De manière synthétique, on peut en conclure que l’occupation de la Colline agissait non seulement sur une échelle locale, mais qu’elle avait de plus une portée globale : dans sa manière de questionner nos modes de vies, nos sociétés et finalement nos manières de penser le monde. C’est une étude qui aborde un sujet très vaste, dont l’action en elle-même est complexe et multidimensionnelle. Il pourrait être davantage étendu et approfondi s’il n’avait pas été limité par le cadre d’un travail de maturité. Les avis des personnes qui soutenaient l’action mais qui n’habitaient pas sur la Colline, ou de celles et ceux qui s’y opposaient, auraient pu tenir une place plus importante.

 

 

Appréciation de l’expert

Daniel Badoux

La candidate, de langue maternelle étrangère, a réalisé un travail qui dépasse les exigences de sa maturité bilingue. D’une action d’occupation opposée à un projet d’extension d’une carrière, elle analyse les implications pour les militant-e-s et leur manière d’appréhender le monde. Ainsi sont interreliés le contexte d’urgence écologique, l’approche et les motivations du mouvement et un large aperçu théorique des notions et concepts pertinents. Enfin, la candidate, qui a collecté des données via des entretiens focus group, explicite son approche de recherche engagée sur une sujet d’actualité.

Mention:

très bien

Prix spécial «Swiss Water & Climate Forum (SWCF)» décerné par swisswaterclimate

 

 

 

Gymnase de Bienne et du Jura bernois, Biel/Bienne
Enseignant: Thomas Mayoraz