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Pierre Ganslmayer, 2005 | Villars-sur-Glâne, FR
Ce travail a consisté en la traduction de 200 vers des Métamorphoses d’Ovide, poète latin du début de l’Empire romain. J’ai premièrement traduit un extrait du livre I, qui est consacré à la naissance du monde, depuis le chaos originel jusqu’à la création de l’Homme bientôt aux prises avec un déluge cataclysmique. La deuxième séquence que j’ai traduite est le récit de Philémon et Baucis, un couple de pauvres vieillards qui offre l’hospitalité à des divinités, Jupiter et Mercure voyageant incognito. Cet acte de piété est récompensé par la transformation des époux en deux arbres enlacés pour l’éternité. Le second volet de ma recherche propose un commentaire de ces deux mythes, dont le contenu est d’abord interprété à l’aune de la culture gréco-romaine, avant d’être confronté à d’autres sources antiques du pourtour méditerranéen, notamment égyptiennes et bibliques, qui présentent une trame narrative comparable.
Problématique
(I) Pour la première partie de mon travail, la production d’une traduction inédite de l’original latin a été guidée par le souci de la fidélité à Ovide, mais aussi par celui de la concision, de l’intelligibilité et de l’élégance de la langue. Conformément à l’adage « Traduttore, traditore », une difficulté bien connue de tous les traducteurs a traversé la première étape de ce travail : comment traduire sans trahir, c’est-à-dire comment rendre au mieux toutes les nuances du texte original dans sa version moderne ? (II) Dans la seconde partie de ma recherche, qui relève du commentaire de texte, j’ai abordé des questions comme la place de l’hospitalité dans le monde gréco-romain ou encore la coexistence des mythes et de la raison dans l’univers mental des Anciens. (III) Enfin, j’ai élargi mon enquête en convoquant des textes fondateurs émanant de civilisations géographiquement proches ; qu’il s’agisse de la mythologie égyptienne ou des récits bibliques, on constate des analogies dans le contenu des histoires : la création du monde et de l’homme par le divin, la présence de l’eau comme élément vital et destructeur, le rôle fondamental de l’hospitalité. Quel sens donner à ces similitudes ?
Méthodologie
Après avoir choisi les deux extraits à traduire et collecté les différentes traductions françaises déjà existantes, j’ai analysé le texte du point de vue de la syntaxe et du vocabulaire en m’aidant d’un dictionnaire pour la langue soutenue d’Ovide. J’ai régulièrement dû réfléchir à la façon de rendre des formulations complexes de par leur structure poétique. Ma traduction, qui est inédite et nouvelle, diffère légèrement des versions éditées auxquelles j’ai recouru à titre comparatif. Quant au commentaire, il repose autant sur d’autres sources antiques essentiellement écrites – l’iconographie des deux mythes retenus étant quasi inexistante – que sur des études faites par des historiens ou des philologues contemporains.
Résultats
À l’issue de mon travail, j’ai obtenu, d’une part, une traduction personnelle de 200 vers d’Ovide, en utilisant des formules qui m’ont permis de conserver certains éléments linguistiques du latin, d’autre part un commentaire d’analyse intertextuelle. A travers l’étude de ces mythes, j’ai également pu apporter un éclairage sur des aspects culturels et sur des modes de pensées que partagent différentes civilisations de la Méditerranée antique.
Discussion
Même si le résultat est satisfaisant, il est évident que la traduction parfaite – dont rêve quiconque se prête à l’exercice – est un idéal inatteignable, ceci d’autant plus avec la poésie latine, dont le rythme particulier est impossible à rendre en français sans s’éloigner excessivement du texte original. Le principal écueil du commentaire réside dans le recours à des sources figurées qui ne coïncident pas avec l’époque et le lieu des textes étudiés ; ces dernières qui émanent principalement de la Renaissance italienne ouvrent toutefois de nouvelles perspectives de recherche en termes de longévité et de réactivation des mythes de l’Antiquité.
Conclusions
Ce travail m’a montré à quel point la traduction d’un chef d’œuvre de la littérature latine peut s’avérer à la fois complexe et riche. J’ai également pu mesurer l’apport que permet l’invocation de mythes d’autres civilisations, qui ont elles aussi tenté d’expliquer notre monde et qui, pour certaines, représentent encore des siècles plus tard les fondements de la culture occidentale.
Appréciation de l’experte
Lorraine Pidoux
Le candidat propose une traduction inédite, à la fois fidèle et élégante, de 200 vers latins d’Ovide. A la prouesse linguistique s’ajoute une réflexion sur les difficultés auxquelles se confronte tout philologue qui cherche à traduire les qualités poétiques d’un texte. Cette recherche, qui éclaire également certains aspects culturels des Métamorphoses, propose une habile interprétation des liens entre mythe et raison dans le monde gréco-romain. L’invocation d’autres récits fondateurs de la Méditerranée antique permet en somme d’enrichir notre compréhension des convergences entre civilisations.
Mention:
très bien
Collège St-Michel, Fribourg
Enseignant: François Zingg