Biologie | Environnement

Théana Dubail, 2002 | Tramelan, BE

 

Ce travail porte sur la distribution des marsouins communs de l’estuaire du Saint-Laurent (Québec, CA). Bien que peu étudiés, l’état de leur population est pourtant évalué comme « Préoccupant » selon le COSEPAC (COmité sur la Situation des Espèces en Péril Au Canada). Il est donc important de les étudier afin de mieux comprendre cette espèce, et de pouvoir mettre en place des mesures de protection adéquates. Dans ce contexte, l’évaluation de leurs besoins en matière d’habitat est une piste qui permettrait d’établir une zone de protection. Selon la littérature, il semble que différents facteurs affectent leur distribution. Ce travail tente de mettre en lumière quelques-uns: la compétition inter-spécifique, la relation prédateur-proie, la bathymétrie, la température, la salinité et le trafic maritime. Dans ce projet, chaque marsouin rencontré a été recensé afin de réaliser dans un premier temps, une carte présentant les zones de forte occurrence de marsouins. Dans un deuxième temps, il a fallu ajouter les données des différents facteurs afin de déterminer les plus influents.

Problématique

Quels sont les facteurs (biotiques, abiotiques ou anthropiques) qui influencent l’occurrence des marsouins communs dans l’estuaire du St-Laurent (Québec) ?

Méthodologie

Avec l’équipe du Mériscope (station de recherche marine, Portneuf-sur-Mer, Canada), on a recensé tous les mammifères marins rencontrés entre juillet et août de 2016 à 2019. J’ai calculé la position des marsouins pour ensuite insérer ces données sur le logiciel de cartographie QGIS. J’ai également inséré des données sur la bathymétrie, la température et la salinité, fournies par le gouvernement canadien. De plus, j’ai travaillé avec des données de l’OGSL (Observatoire Global du Saint-Laurent) qui effectuent le même travail de référencement que le Mériscope, mais en plus, récolte chaque jour la température et la salinité. Ces données ont été utilisées pour réaliser des graphiques du nombre de marsouins observé par heure en fonction de ces deux facteurs. Pour les autres facteurs, j’ai utilisé la littérature scientifique et effectué des comparaisons avec des cartes existantes.

Résultats

Avec mes coordonnées, j’ai pu observer que les marsouins se trouvent proches des côtes. Et si l’on reprend les facteurs étudiés, comme la compétition inter-spécifique, on remarque qu’ils peuvent se trouver dans les mêmes zones que celles de leurs compétiteurs trophiques. En ce qui concerne la relation prédateur-proie, ils sont observés au même endroit que des agrégations de capelan (proie principale des marsouins). Pour ce qui est de la bathymétrie, on note qu’ils sont principalement dans des eaux profondes (entre 273 et 363 m.) et près des pentes abruptes. Ils sont dans des eaux avec des températures allant de 7,2 et 12,5°C; de plus, on constate une augmentation du nombre du groupe de marsouins avec la diminution de la température. Les marsouins se trouvent dans des eaux avec une salinité haute (entre 22,83 à 28,7 ‰), et leur fréquence augmente avec l’élévation de la salinité. Enfin, ils peuvent se trouver dans des zones de fort trafic maritime.

Discussion

La plupart de mes résultats confirment la littérature scientifique et mes hypothèses, mais certains, comme le fait qu’ils se retrouvent dans des eaux profondes, sont à l’opposé. Il est alors intéressant de réfléchir autrement et de suggérer l’idée que probablement, la répartition des marsouins s’explique grâce à plusieurs facteurs combinés (cause multifactorielle). En effet, en mettant en commun la bathymétrie et la répartition des proies, on peut supposer que les marsouins tendent à vivre dans des eaux plus profondes (en tous les cas dans cette région du monde) car les eaux y sont plus productives. Il est important de souligner que mes résultats ne sont que le reflet d’une partie de la population et qu’ils démontrent une certaine tendance. Mais, afin de pouvoir aller plus loin, il serait intéressant de pouvoir prélever des données dans plusieurs parties du monde et de les comparer, afin de tirer des conclusions quant aux facteurs influençant la répartition des marsouins.

Conclusions

À l’issue de ce travail, j’ai pu dresser quelques facteurs qui semblent importants pour l’habitat des marsouins. Cependant, il faudrait faire des recherches plus approfondies, pour obtenir plus de valeurs et que cela soit plus représentatif. Il serait également plus pertinent de récolter directement les données car, par exemple, celles de l’OGSL sont récoltées dans une bouée qui ne situe pas dans la zone d’étude. D’autres facteurs auraient également été intéressants, comme la marée.

 

 

Appréciation de l’experte

MSc in Biology Charlotte Bellot

L’étude de la répartition des mammifères marins est très importante pour l’élaboration de mesures de protection des espèces. Ce travail de maturité s’inscrit dans ce registre en faisant cas des facteurs influençant la répartition du marsouin commun dans le golfe du St Laurent. Grâce à son sérieux et à son application, Théana a réussi à rendre un travail complet qui montre une maturité et une rigueur impressionnantes! Elle a mis un point d’honneur à la compréhension de chaque étape clés dans l’élaboration d’un tel projet et au souci de l’amélioration continue de son travail; ce qui lui confère une qualité indéniable pour ses futures collaborations professionnelles! Bravo !

Mention:

très bien

Prix spécial Sail & Explore

 

 

 

Gymnase français, Biel/Bienne
Enseignante: Jocelyne Neveceral