Histoire  |  Géographie  |  Économie  |  Société

 

Noémie Ducrest, 2004 | Rossens, FR

 

Depuis son apparition, le cinéma se présente comme un miroir pour toutes les sociétés : les films reflètent plusieurs décennies d’histoire, de culture et de tradition, mais aussi de guerres, de peurs et de problèmes sociaux. Ce travail cherche à comprendre la représentation de l’Histoire dans des œuvres cinématographiques et plus particulièrement la représentation du processus d’intégration des immigrés espagnols en Suisse dans les films « Un Franco, 14 Pesetas » (2006) et « 2 Francos, 40 Pesetas » (2014). Ces deux comédies, réalisées par l’Espagnol Carlos Iglesias, traitent de l’immigration espagnole en Suisse dans les années soixante.

Problématique

C’est à travers la comédie « Un Franco, 14 Pesetas » et sa suite « 2 Francos, 40 Pesetas », de Carlos Iglesias, que j’ai voulu découvrir le sujet de l’intégration des immigrés espagnols en Suisse dans les années soixante. En effet, l’intégration constitue un thème omniprésent dans ces deux films qui racontent l’arrivée d’Espagnols en Suisse. J’ai donc analysé ces films et me suis demandé de quelle manière le processus d’intégration des immigrés espagnols en Suisse est représenté.

Méthodologie

Dans le but de comprendre la représentation du processus d’intégration des immigrés espagnols en Suisse dans les films de Carlos Iglesias, diverses méthodes ont été utilisées. J’ai tout d’abord analysé des scènes des deux films susmentionnés. Ces œuvres cinématographiques sont basées sur l’expérience personnelle de Carlos Iglesias ainsi que sur celles de 58 autres immigrés espagnols, mais aussi italiens. J’ai ensuite travaillé avec des sources écrites, notamment des livres, des statistiques ou encore des articles en ligne, dans le but de mieux comprendre certaines scènes. Finalement, j’ai effectué trois interviews. En premier lieu, j’ai interrogé deux personnes ayant quitté l’Espagne pour venir s’installer en Suisse. Puis j’ai posé quelques questions à un professeur de l’université de Neuchâtel spécialisé, entre autres, dans les migrations.

Résultats

Afin d’obtenir des résultats, je me suis intéressé à la politique migratoire du gouvernement suisse ainsi qu’au processus d’intégration que j’ai séparé en quatre dimensions, à savoir linguistique, culturelle, économique et sociale. Suite à l’analyse de plusieurs scènes, j’ai constaté que la politique migratoire était un sujet très peu abordé par le réalisateur. Plusieurs hypothèses peuvent être émises quant à cette omission. J’ai ensuite mis en lumière le premier aspect du processus d’intégration, à savoir l’intégration linguistique. Nombreuses sont les scènes où les protagonistes rencontrent des problèmes avec la langue, mais, au fil des années, une évolution de leur niveau d’allemand peut être observée. La deuxième dimension analysée est l’intégration culturelle. Les différences culturelles entre l’Espagne et la Suisse sont nombreuses et les personnages sont confrontés à nombres d’entre elles. L’intégration économique est le troisième aspect du processus d’intégration. Carlos Iglesias reste assez fidèle à la réalité sur cette question précise : l’intégration économique, gérée par la Confédération, se passe bien. Pour ce qui est de l’intégration sociale, au cinéma comme dans les faits, certains Suisses ne sont pas prêts à accueillir autant d’étrangers alors que d’autres sont plus accueillants. Mais, Carlos Iglesias a surtout voulu souligner le fait que les Espagnols restent beaucoup entre eux, isolés du reste de la Suisse.

Discussion

La problématique initiale laissait sous-entendre que le processus d’intégration était représenté dans les films. Cette hypothèse a aisément pu être validée. Les méthodes utilisées ont permis de repérer et de comprendre les aspects de ce processus figurant dans les œuvres cinématographiques de Carlos Iglesias. Quant au fait de savoir pourquoi certains aspects ont été négligés par l’auteur, plusieurs hypothèses ont été formulées, mais il n’a pas été possible de connaître exactement les motivations du réalisateur.

Conclusions

Le but de ce travail était de comprendre comment l’Histoire pouvait être représentée au cinéma. Cet objectif a été atteint grâce aux méthodes susmentionnées. Carlos Iglesias a montré qu’il était possible de raconter des événements historiques dans une comédie. Il n’a pas essayé d’enjoliver la réalité et de cacher les difficultés rencontrées par les immigrés espagnols en Suisse. Finalement, la comparaison de ce processus d’intégration avec d’autres vagues migratoires pourrait être un sujet intéressant pour un futur travail.

 

 

Appréciation de l’expert

Noé Maggetti

Ce travail de maturité parvient à articuler le commentaire détaillé de diverses séquences tirées de deux longs métrages de fiction et une analyse historique plus générale s’appuyant sur des sources primaires et secondaires diversifiées (témoignages, entretiens, statistiques, ouvrages et articles généraux). En résulte une analyse intéressante du processus d’intégration complexe des immigrés espagnols en Suisse ainsi que de deux oeuvres filmiques rarement commentées par la critique.

Mention:

bien

 

 

 

Collège St-Michel, Fribourg
Enseignante: Christine Diez Reyero-Renevey, Ariel Würth