Biologie  |  Environnement

 

Amélie Quenzer, 2006 | Wängi, TG

 

Dans le contexte actuel de l’agriculture intensive, l’épandage de lisier dans les champs est un sujet majeur qui préoccupe les agriculteurs et les défenseurs de la nature pour ses impacts sur l’environnement. La pluie lessive le lisier et les composants dissoutes peuvent atteindre des zone sites protégés qui se trouvent à proximité de l’épandage. C’est le cas de la zone de protection des amphibiens d’importance nationale, le Grütried, dans le canton de Thurgovie. Pendant la période de végétation 2023, les effets de l’apport de lisier dans les eaux sur l’écosystème de la zone humide ont été étudiés à l’aide de quatre méthodes différentes. Les analyses des composants chimiques de l’eau ainsi, l’identification des diatomées par l’ADN et les comptages des macroinvertébrés ont révélé une détérioration générale des concentrations de nutriments dans les différents étangs. De plus, l’inventaire des plantes de la zone a révélé une perte de diversité de la végétation.

Problématique

Le Grütried est une réserve naturelle d’importance nationale située dans la commune de Wängi (TG), entourée d’une agriculture intensive. Pour que les champs puissent être utilisés toute l’année, ils sont drainés à l’aide de drains. De plus, les déchets de l’élevage, le lisier, sont régulièrement épandus afin d’augmenter le rendement. Tous les drains des champs situés à l’ouest du Grütried finissent dans la zone protégée, où l’eau s’accumule dans un étang d’épuration avant de s’écouler vers l’est, traversant la zone. Ce travail étudie l’influence du lisier sur l’écosystème de la réserve naturelle du Grütried.

Méthodologie

Le Grütried a été analysé en termes de pollution, en utilisant différentes méthodes: Analyses des composants chimiques de l’eau au laboratoire cantonal de Thurgovie, identification de l’ADN des diatomées en collaboration avec l’université de Lausanne, analyse des macroinvertébrés pour déterminer la qualité de l’eau et évaluation de la végétation par l’identification de plantes herbacées indicatrices et des associations végétales du Grütried.

Résultats

Les séries de mesures visant à déterminer les composants chimiques dans les étangs ont montré que les étangs situés à l’ouest, à proximité des quatre affluents de drainage, présentent des valeurs nutritives plus élevées que l’étang de sortie à l’est. En particulier, la concentration en carbone organique dissous dépasse la valeur indicative maximale selon le système modulaire gradué de 8 mg/L dans 16 des 25 mesures. Les valeurs varient en fonction de la saison et de l’épandage de lisier et deviennent critiques lorsque la température de l’eau augmente en été. Un des trois échantillons d’eau n’a pas pu être utilisé pour l’évaluation lors des analyses de l’ADN des diatomées, car il était faussé par les algues. Les analyses ainsi que les comptages des macro-invertébrés ont montré que la qualité ainsi que la diversité de l’eau s’amélioraient d’ouest en est et que des populations moins importantes apparaissaient lorsque le niveau de l’eau était bas en été. Un inventaire des plantes a permis de dresser une liste de 140 espèces, confirmant l’hypothèse de l’existence d’un courant d’eau traversant la zone et autour duquel poussent des plantes tolérantes aux nutriments.

Discussion

Les résultats de l’étude montrent que le lisier a un impact sur l’écosystème de la zone protégée du Grütried. La qualité de l’eau dépend de la quantité de lisier épandu sur les champs environnants et des variations saisonnières. Malgré des années de pollution par les nutriments, l’écosystème peut filtrer les nutriments excédentaires et se stabiliser. L’agriculture intensive pratiquée sur trois côtés du Grütried entraîne un apport inéluctable de nutriments qui modifie la flore, la faune et la qualité de l’eau des étangs. La qualité de l’eau est influencée par les interactions chimiques dans l’eau, les activités biologiques et l’emplacement des étangs.

Conclusions

Malgré sa petite taille, la réserve naturelle du Grütried possède d’étonnantes capacités d’autoépuration. Il existe toutefois des possibilités d’améliorer la qualité de l’eau et de la biodiversitéUne option consisterait à recréer un autre étang de nettoyage sur le côté ouest de la zone afin d’augmenter la surface de biodiversité et de réduire ainsi la charge en nutriments. On pourrait également détourner toute l’eau de drainage autour de la zone. En concertation avec les agriculteurs, l’affluent de drainage pourrait être dévié directement vers le Grütriedbach. Seule une collaboration commune permettra d’éviter de tels apports à l’avenir. La protection des espèces sera ainsi favorisée et la biodiversité augmentée.

 

 

Appréciation de l’experte

Sarah Descloux

Amélie Quenzer a fait un travail d’étude approfondie de l’impact du lisier sur la réserve naturelle nationale du Grütried. Elle a analysé le statut écologique de la réserve grâce à 4 techniques complexes : l’analyse chimique des eaux des étangs, l’analyse moléculaire des diatomées, la taxonomie des macroinvertébrés et l’identification des plantes indicatrices. L’interprétation détaillée des analyses par Amélie permet de comprendre les impacts négatifs du rejet de lisier sur les niveaux de nutriments, la diversité des macroinvertébrés et la distribution des herbacées au sein de la réserve.

Mention:

excellent

Prix spécial «Sail&Explore» décerné par Mare Nostrum

 

 

 

Gymnase d’Yverdon, Cheseaux-Noréaz
Enseignante: Daniela Caldelari