Biologie | Environnement
Estelle Blandenier, 2002 | Corcelles, NE
La réintroduction d’espèces végétales est devenue une pratique répandue afin de contrer leur disparition ou de renforcer des populations existantes. Cette démarche se base sur une connaissance approfondie de leurs exigences écologiques. Dans cette étude, nous avons étudié le sol et la végétation du milieu dans lequel pousse une orchidée emblématique de Suisse, le Sabot de Vénus. Trois sites ont été sélectionnés, tous situés le long du Jura géologique. Des relevés de végétation ont été effectués et le sol a été décrit en se basant sur l’enchaînement de ses horizons. De plus, des analyses physico-chimiques ont été faites en laboratoire. Les résultats obtenus montrent que le Sabot de Vénus pousse sur des sols calcaires et biologiquement fonctionnels, dans des milieux en pente et moyennement ensoleillés. Ce travail participe à une meilleure compréhension de l’écologie de l’espèce et permettra de mieux la conserver. La méthode décrite pourra également être utilisée pour la réintroduction d’autres espèces végétales, lorsque les tentatives actuelles sont peu fructueuses.
Problématique
Dans le contexte actuel de disparitions des espèces, il est devenu crucial de connaître leur écologie pour pouvoir les protéger et, en dernier recours, les réintroduire. C’est d’autant plus vrai pour les végétaux qui doivent être réintroduits directement dans le bon milieu, ceux-ci ne pouvant pas se déplacer. Dans ce travail qui s’intègre dans la thèse de doctorat de O. Rusconi, le milieu dans lequel vit le Sabot de Vénus, une espèce emblématique du Jura, a été étudié. Les recherches se sont faites selon deux axes afin de pouvoir le décrire au mieux: le sol dans lequel la plante a ses racines et la végétation qui y pousse.
Méthodologie
Trois sites dans lesquels le Sabot de Vénus est présent ont été étudiés, tous situés le long du Jura géologique. Les paramètres suivants ont été mesurés sur le terrain: l’exposition, la pente, l’altitude, la micro-topographie et l’ensoleillement. Des relevés de végétation ont été effectués selon la méthode Braun-Blanquet. Ensuite, le sol et la forme d’humus correspondante ont été décrits après avoir creusé un profil de sol et lu l’enchaînement des différents horizons. Dans chaque station, quatre échantillons de sol ont été prélevés près des orchidées pour des analyses physico-chimiques en laboratoire. Les données obtenues pour chaque site ont été visualisées et comparées grâce à des boxplots.
Résultats
Les stations étudiées sont situées en pente, à moyenne altitude et dans des forêts claires. Deux d’entre elles sont exposées au sud et une au nord. Du point de vue de leur végétation, les sites étudiés sont tous différents. Il y a une pinède sub-atlantique des pentes marneuses (Molinio-Pinion), une hêtraie mésophile de basse altitude (Galio-Fagenion) et une hêtraie à sapin de l’étage montagnard (Abieti-Fagenion). D’après les observations faites sur le terrain et les analyses en laboratoire, les trois sols sont calcaires (CALCOSOLS) avec une activité biologique développée (Mulls). À noter cependant que deux des échantillons analysés présentaient des valeurs très différentes des autres pour tous les paramètres.
Discussion
Les résultats obtenus correspondent pour la plupart aux hypothèses de travail, avec cependant des différences avec les informations trouvées en amont de la recherche. Celles-ci peuvent s’expliquer notamment par l’hétérogénéité du sol des stations. Il est aussi possible que le Sabot de Vénus soit adapté à des milieux plus variés que ce que l’on pensait. De plus, ces résultats auraient pu être plus pertinents si le sol analysé avait été prélevé directement en contact avec les racines de l’orchidée, ce qui est impossible car cette méthode aurait abîmé les racines. Enfin, il faudrait répéter l’expérience dans plus de stations afin que les résultats soient plus fiables statistiquement.
Conclusions
Le but de ce travail était de décrire la niche édaphique du Sabot de Vénus de la manière la plus exhaustive possible afin de contribuer à sa protection et à sa réintroduction. Cette démarche a été effectuée en prenant en compte non seulement le sol dans lequel cette espèce pousse, mais aussi le type de végétation dans lequel elle vit et l’ensoleillement qui lui est nécessaire. Les résultats obtenus permettront une meilleure compréhension de l’écologie de l’espèce et donc de mieux la conserver ou la réintroduire. La méthode utilisée pourra ensuite être appliquée à d’autres espèces moins exigeantes écologiquement. Il reste cependant plusieurs aspects de son écologie à éclaircir, tels que les champignons mycorhiziens dont elle a besoin pour vivre ou sa niche de germination.
Appréciation de l’expert
Jérémie Guenat
Ce travail explique de manière claire la problématique, ainsi que les objectifs. Ayant lieu, dans le cadre d’une thèse, la méthodologie n’est pas l’aboutissement d’une recherche, mais elle a été comprise. Les résultats semblent totalement logiques, à l’exception peut-être d’un site, et sont clairement présentés. La discussion de ces résultats, tout d’abord peu développée pour un élément étudié, a été complétée et améliorée de manière pertinente. Les illustrations et tableaux sont utiles et idéalement placées pour simplifier la compréhension et l’analyse des résultats.
Mention:
très bien
Lycée Denis de Rougemont, Neuchâtel
Enseignante: Olivia Rusconi