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Mila Phung, 2002 | Matran, FR
Ce travail traite une question fondamentale en éthique médicale mise en lien avec la série Dr House. En effet, cette série soulève la question de savoir si la violation des règles déontologiques est permise quand le but est de sauver des vies. À travers des textes d’Emmanuel Kant et de John Stuart Mill, différents points de vue répondent à cette interrogation et sont confrontés.
Problématique
Après le visionnage de la série Dr House créée par David Shore en 2004, je me suis demandé si un médecin, comme le personnage du docteur House, qui excelle dans son domaine, mais qui emploie des méthodes controversées comme la contrainte ou le mensonge pour établir un diagnostic, agissait de manière morale. Car il est vrai qu’il sauve des vies en se comportant ainsi. La cohabitation entre une noble action (sauver des vies) et des actes immoraux m’est apparue problématique. À travers une réflexion sur le paradoxe d’une action à la fois morale et immorale, j’ai cherché à répondre à une question majeure en éthique médicale : peut-on enfreindre les règles déontologiques pour sauver des vies ?
Méthodologie
La première chose à faire a été de choisir une série pour développer une problématique en lien avec elle. Après avoir choisi, j’ai pu commencer le travail écrit qui comporte trois parties distinctes. La première présente la série Dr House ainsi que des scènes sélectionnées et analysées afin d’illustrer la problématique de la tension entre actions morales et immorales. Tout en faisant des liens avec les extraits de ma série, la seconde partie analyse les pensées morales de deux philosophes qui ont des positions divergentes face au problème de ce qui fait qu’une action est morale ou non. Je me suis principalement basée sur l’œuvre Fondements de la métaphysique des mœurs de Kant et L’Utilitarisme de Mill ainsi que son écrit De la liberté. La dernière partie est la prise de position où j’ai confronté les idées de ces auteurs pour proposer une réponse à ma question problématisée.
Résultats
Je suis parvenue à une réponse suite à la comparaison des doctrines du philosophe allemand Emmanuel Kant et du philosophe anglais John Stuart Mill. Kant présente dans son œuvre une éthique basée sur les devoirs. Il met les conséquences des actions au second plan et considère que l’action est morale quand elle obéit à l’impératif catégorique. L’impératif catégorique représente l’idée que l’action morale est déterminée par un commandement du devoir dont la forme est universalisable et indépendante de toute finalité. Mill présente dans L’Utilitarisme le concept du principe de l’utilité. Ce concept signifie que les conséquences d’une action déterminent sa moralité. Une action est morale si elle permet une maximisation du bonheur qu’il définit par le plaisir et l’absence de douleur. La fin l’emporte donc sur les moyens pour lui. Pourtant, dans son écrit De la liberté, Mill se contredit. Il déclare que nous ne sommes pas autorisés à entraver la liberté d’action de quelqu’un sauf si cela peut nuire à d’autres personnes. Par conséquent, il faudrait respecter l’autonomie d’une personne même si les conséquences de son action lui sont nuisibles. C’est ce qu’on appelle l’antipaternalisme libéral. En questionnant la place de la notion d’intérêt chez les deux auteurs, j’ai fait ressortir que l’intérêt d’un patient est le respect de son autonomie tant que la personne garde un avis éclairé. En établissant cela, la conformité aux règles déontologiques semble être le comportement le plus moral.
Discussion
Le travail d’analyse des textes philosophiques, notamment celui de l’œuvre de Kant, s’est révélé être la difficulté principale dans le processus de ce projet. Lire et analyser de tels écrits n’est pas chose aisée pour une première approche de la philosophie. Malgré ces difficultés, je suis satisfaite de voir que l’étude de mes lectures a confirmé que House agissait de manière immorale. On ne peut pas se défaire des règles déontologiques ainsi, même si l’action de sauver des vies est morale.
Conclusions
L’analyse des idées de ces auteurs m’a permis de confronter deux visions de l’action morale très différentes l’une de l’autre. C’est cependant l’impératif catégorique de Kant qui a su se montrer plus convaincant lors de la prise de position et c’est ainsi que j’ai obtenu réponse à ma question : non, on ne peut pas enfreindre les règles déontologiques pour sauver des vies.
Appréciation de l’expert
Yann Grin
À partir d’une série hospitalière, la candidate soulève une question d’éthique médicale. Elle réussit à donner, autant à la série qu’à sa question, toute leur teneur philosophique en montrant les tensions qu’elles recèlent. Grâce à une analyse et une mobilisation judicieuses de deux philosophes, elle aborde sous des perspectives différentes et de manière approfondie des scènes de la série et se fraye un chemin qui la mène à formuler une réponse convaincante à sa question. Questionnement de qualité, exposition structurée de la pensée des philosophes et réponse claire constituent ce travail.
Mention:
très bien
Collège St-Michel, Fribourg
Enseignant: Pierre-Yves Meyer