Chimie  |  Biochimie  |  Médecine

 

Clara Klinger, 2005 | Biel/Bienne, BE

 

Au cours de l’évolution, l’émotion de la peur fut façonnée pour nous permettre de faire face aux menaces qui ont mis en péril notre survie en les repérant le plus rapidement possible. Les individus réagissant directement avaient de meilleures chances de survie. Aujourd’hui encore, certaines phobies subsistent. C’est le cas de la phobie des araignées qui touche environ 5% de la population. On peut donc se demander si les arachnophobes ont néanmoins gardé la capacité à repérer rapidement la phobie en question dans leur environnement. Deux expériences, l’une basée sur la recherche visuelle d’objets à caractère phobiques et l’autre visant à tester les réflexes inconscients face à une phobie, ont été conçues pour relever une potentielle différence de temps de traitement de l’information visuelle entre des individus arachnophobes et non-phobiques. Pour ce faire, une tâche sur ordinateur a été conçue pour permettre l’affichage d’images et la récolte des temps de réaction réalisés par chaque groupe d’individus. Les résultats ont montré une faible tendance des individus phobiques à avoir un temps de réaction plus court, néanmoins non-significatif.

Problématique

L’objectif de ce travail est de tester à travers deux expériences basées sur la recherche visuelle si le temps de réaction des personnes arachnophobes à repérer des araignées est plus court que pour une personne non-phobique.

Méthodologie

La première expérience conçue pour ce travail confronte dix arachnophobes et dix individus sans phobie particulière à plusieurs images dans lesquelles soit un objet neutre (image de fourchette), soit l’objet de la phobie (image d’araignée), soit les deux sont cachés. Chaque processus de recherche est chronométré à partir de la présentation d’une image jusqu’à la détection du dernier objet. Chaque temps chronométré est ensuite comparé en fonction de l’image et des personnes. Pour la deuxième expérience, il est question de tester les réflexes inconscients des participants en les exposant à une série d’images parmi lesquelles se trouvent des illustrations comportant des araignées générées par l’intelligence artificielle DALL-E. Le participant est invité à cliquer sur l’écran dès qu’une araignée est repérée. Nous avons ensuite comparé les temps de réaction des participants entre les phobiques et les non-phobiques.

Résultats

Pour la première expérience, les phobiques ont réalisé une moyenne de 2,06s et les non-phobiques une moyenne de -1,97s. Pour la deuxième expérience, celles-ci étaient de 0,93s pour les phobiques et de 1,00s pour les non-phobiques. Un T-test a été réalisé avec ces résultats. Avec un seuil de 5%, les différences des moyennes des deux groupes ne sont pas significatives, car les p-valeurs obtenues étaient de 26,17% pour la première expérience et de 12,9% pour la deuxième.

Discussion

Les résultats obtenus n’ont pas montré une tendance claire des phobiques à repérer la phobie plus rapidement, ce qui ne veut pas dire que cette tendance n’existe pas, mais elle pourrait ne pas être stimulée par ce genre d’étude. L’enjeu de ce travail était de trouver des participants avec un haut degré de phobie pour avoir de fortes réponses émotionnelles, car nombreux étaient les arachnophobes ayant refusé de participer à l’expérience de peur d’être confrontés à leur phobie. De plus, un plus grand nombre de participants aurait permis une conclusion plus claire et précise des résultats et aurait peut-être permis d’atténuer l’influence d’un résultat extrême sur la conclusion. C’est pourquoi il serait intéressant de comprendre la particularité de certains participants à avoir des réactions hors du commun. Si l’étude devait être réalisée à nouveau, des images plus menaçantes pourraient être utilisées pour permettre des réactions plus fortes. De plus, l’ajout d’une image contrôle pour la deuxième expérience pourrait réduire les facteurs externes influents les résultats, de sorte que chaque individu soit son propre contrôle.

Conclusions

En conclusion, ces deux expériences n’ont pas permis de montrer une tendance claire des individus phobiques à avoir un temps de réaction plus court que des individus n’ayant pas la phobie en question. Des expériences dans lesquelles des personnes sont impliquées sont délicates à réaliser car de nombreux facteurs externes doivent être pris en compte. C’est pourquoi mon expérience a montré que des adaptations seraient nécessaires pour des résultats plus concluants.

 

 

Appréciation de l’experte

Laure Von Der Weid

Dans son travail, Clara explore l’influence de la phobie sur les temps de réaction de personnes exposées à des photos d’objets inoffensifs et d’araignées. Elle introduit des concepts très pertinents et une littérature précise. L’approche expérimentale qu’elle a développée est originale et appropriée. Clara se démarque tout particulièrement par une présentation complète, claire et précise de ses résultats. Le travail de Clara est d’une grande qualité, les données sont traitées avec une rigueur scientifique, et j’ai hâte de voir à quoi ressembleront ses travaux dans quelques années.

Mention:

excellent

Prix spécial «Summer School of Science» décerné par la Fondation Metrohm

 

 

 

Gymnase de Bienne et du Jura bernois
Enseignant: Dr. Patrick Presi