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Ella François, 2005 | Genève , GE

 

De tout temps, le domaine du ciel est un mystère pour l’homme…méditer, réfléchir, contempler, les nuages l’incite à la mélancolie en lui rappelant son existence éphémère. En ayant pour point de départ cette réflexion, je réalise un atlas poétique des nuages. Mes recherches se font grâce à : des livres de classification de nuages et de poésie, des expositions, des entretiens et des sites internets. En parallèle, j’effectue un cahier de recherche alternant croquis, textes, idées et processus de réalisation. Finalement, j’ai trouvé un sujet beaucoup plus vaste et plus complexe que prévu. J’ai dû synthétiser et faire des choix dans la masse de documentation rassemblée. Le but de ma démarche était d’allier science et poésie.

Problématique

Le ciel et les nuages, bien qu’omniprésents dans nos vies, restent méconnus de tous. Reflet de mes émotions, ils m’apaisent, me centrent. C’est dans cette direction que mon projet est né. L’intérêt de ce dernier est de rendre compréhensible le fonctionnement des nuages tout en leur portant un regard poétique et élogieux. L’enjeu majeur est de vulgariser le contenu scientifique pour toucher un plus large public avec un regard artistique.

Méthodologie

Cet atlas regroupe différents médiums : pastels, aquarelle, photographie et art littéraire. Le travail d’illustration est primordial pour la compréhension des différents nuages. Le rendu et la texture sont donc importants. Afin d’obtenir le résultat escompté, j’ai mélangé deux techniques. L’aquarelle, peinture à l’eau, permet d’apporter cette transparence nécessaire pour deviner le ciel à travers les nuages. Pour illustrer les nuages, je choisis le pastel. Grâce à la superposition des différentes couleurs et à l’estompage, une texture onctueuse et cotonneuse peut être réalisée. La photographie permet de figer la fugacité des nuages, de capter le moment présent et de fixer leur beauté éphémère. J’ai réalisé ces photographies lors de mon séjour au Japon. Pour la sélection, j’ai gardé uniquement celles qui entrent dans le concept imaginé : « Passer de l’obscurité à la lumière, comme une porte ouverte sur l’espoir et les futurs possibles ». L’impermanence des nuages me relie spontanément aux haïkus, poésie de l’instant et de l’éphémère. Grâce à la lecture de grands maîtres japonais tels que Issa Kobayashi et encore Bashô, je tente d’en écrire en étant au plus près de mes émotions afin de concilier ma sensibilité, ma joie, mon émerveillement et la paix que me procurent les nuages.  Ces courts poèmes, originaires du Japon, étaient plus adéquats pour accompagner mes photographies célestes de ce pays.

Résultats

Finalement, j’obtiens un livre d’une septantaine de pages. Les photographies et les pastels se mélangent. Tous les nuages, mis à part les rares et les anthropomorphes, y sont illustrés. De temps en temps, des haïkus personnels se glissent entre les pages.  Une classification des nuages se fait à la fin du livre expliquant leur formation, leur histoire et les différentes atmosphères. Une fiche individuelle de chaque nuage est notamment fournie regroupant leur aspect et leurs prévisions. J’explique également mon ressenti et ma démarche en commentant les artistes de références et les choix de mes techniques.

Discussion

Grâce à ce projet, je me suis rendu compte que les nuages étaient un domaine très scientifique. En effet, le côté poétique ne ressort pas toujours. Très peu de livres allient météorologie et art. Il était parfois difficile de savoir comment faire pour rassembler les deux. Une des difficultés majeures était la vulgarisation de la partie scientifique en vue de la masse d’information récoltée. Effectivement, je voulais que cet atlas soit accessible par tous. Le contenu devait donc être facilement compréhensible. La cohérence visuelle et esthétique tout au long du livre devait être la même. Il fallait donc être rigoureux.

Conclusions

Ce projet enrichissant et conséquent m’a demandé non seulement un investissement personnel en temps, adaptation et rigueur, mais également des remises en question. Apprendre de nouvelles connaissances dans les domaines de la météorologie, des techniques artistiques et des logiciels de retouches et de mise en page a été particulièrement stimulant et intéressant. La grande difficulté a été d’avoir une vision réaliste du projet. J’ai sous-évalué l’ampleur du travail et certains paramètres n’ont pas été anticipés à leur juste valeur telle que la création d’une mise en page satisfaisante, les nombreuses relectures et la maîtrise des logiciels. L’atlas poétique m’a permis d’être persévérante, d’atteindre mes objectifs, de centrer mes priorités et faire des choix.

 

 

Appréciation de l’expert

Bertrand Emaresi

Les nuages sont souvent les grands oubliés de notre écosystème vital. Ella François nous invite à prendre la mesure de leur présence à travers un corpus de description et d’œuvres artistiques, développé sur une analyse scientifique parfaitement maîtrisée. Notre dialogue a motivé Ella dans la transcription poétique des différentes dimensions sensibles observées au contact des nuages. Avec confiance, elle a fait le pari d’une science du ressenti, en nous proposant un panaché de photographies, d’aquarelles et de Haïkus sous la forme d’un livre. Ella utilise la science pour mieux créer… et rêver !

Mention:

très bien

 

 

 

Collège Calvin, Genève
Enseignant: Stefan Lauper